• film - avant que j'oublie - Jacques Nolot

     

    Avant que j'oublie  - Jacques Nolot 2007

     
     

    Ce film m'a fait lâcher quelques larmes mais aussi l'envie de lâcher quelques mots.

     

    A chaque fois que j'accouche trois mots ici, j'ai toujours le sentiment que je vais le regretter ensuite. C'est peut-être parce que je n'ai pas peur de l'auto carnage  ou de la prise de risque que je le fais comme monsieur Nolot. Ce film nous met à nu face à notre existence.

     

    Cet après midi j'ai reçu un bref texto en réponse à une invitation lancée pour aller au cinéma.

      « J ai pas le temps sorry »

    Je déteste ces mots brefs,  les frustrations qu'ils émanent. Alors on s'entête et on va chercher la catastrophe dans le fond d'une salle sombre. On veut s'oublier.  On choisit bien son film et son cinéma.

     

    Le Mk2 Beaubourg, salle n° 6 est parfaite pour ce genre de moments. Une salle avec un écran minuscule,  quelques petites rangées de fauteuils rouge bien profonds où on peut  se laisser enfoncé pendant une heure et demie et s'oublier.

     

    Passons la pub que précède toujours ces moments de pure extase que c'est le bon cinéma. Passons aussi le regard jeté sur les 8 personnes qui sont rentrés après moi et que bien évidemment  se sont assises dans ma ligne de mire. Je déteste le jeune couple pédé qui parlait trop avant et pendant la première minute du film, la vieille à lunettes avec le pardessus que sentait le mouillé juste devant et le monsieur avec le catogan pas loin de moi. Ils n'ont rien compris. Je voulais être tranquille. Je voulais m'oublier.  

     

    Malgré les histoires que ne finissent pas dans la bouche des deux garçons, dès le départ la toile est blanche avec une tâche noire qui s'agrandit jusqu'à bouffer tout le blanc que m'aveugle. A ce moment là je cherchais déjà mes lunettes noires.

    La suite sera ainsi faite de longs plans solitaires, de petites discussions anodines sur des héritages, de pipes monnayées, des tri-thérapies qu'on doit prendre.

    La fumée de la cigarette de monsieur Nolot nous promène d'une assiette d'huîtres qu'il laisse payer son ami, à une  cuisse de poulet froid avec de la Mayo en tube par un temps de canicule seul devant le JT que nous parle de guerre, elle nous conduit  à son écriture fantôme et à un beau texte de philo, elle nous emmène au cimetière en passant par Pigalle et une salle des ventes, on va de la chambre à la cuisine  ou de la commande de bouffe au téléphone à la petite pipe au livreur. Tout y passe : des conversations avec les gigolos ou à son psy et  à ses rares amis.  En bref, le quotidien d'un vieux pédé qu'approche la soixantaine.  Mais il a la classe quand il porte un costume ou un vieux t-shirt pourri quand il balance à l'autre bout de  l'interphone à l'huissier qui vient pour des dettes d'un un ex-ami :  « Il m'a quitté il a  un mois, je suis très malheureux.»

     

     Il a des manières, ce monsieur Nolot à nous cracher à la face sa fumée. Il nous renvoi une image crue, celle que je redoutais le plus, la claque que je suis venu prendre.

     
    Nous vivons, nous courrons après le temps, nous vieillissons. Nous n'avons pas envie de regrets à l'heure où le noir envahi la toile blanche.  Là le «  J ai pas le temps Sorry »  revient..
    for-cé-ment.
     

    En sortant la pluie d'automne  tombe comme tous les ans à la même époque de l'année, je m'abrite sous un porche à l'intérieur d'une cour du Quartier de l'Horloge, je fume ma clope,

    Quelqu'un me demande une clope.  Pour la première fois depuis des années je cède à la requête, le jeune homme est beau. Je viens d'oublier que je ne suis plus dans le film.

     

    Un film à voir comme dans une photo de Nan Goldin ou une toile de Jenny Saville ou  d'un Lucien freud. Sans concessions.  Et ces mots peut-être, auront tout un autre sens après.  

     

    Là j'ai aussi envie de dire ce soir que mes valeurs sont nationales.

     
     
     

     


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  • Commentaires

    1
    Samedi 10 Novembre 2007 à 09:27
    cinema
    j'avais déjà très envie de le voir ce film, ben du coup je vais surement pas le rater ! merci Joao.
    2
    Cos
    Samedi 10 Novembre 2007 à 09:36
    Putain Jo
    Tu me renverses, ce matin. Je reste muette. T'embrasse. Très très fort.
    3
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:00
    plus je
    pense et plus j'ai envie de revoir ce film. cette semaine va être chargée, il a le festival de films gay et lesbien de paris qui commence cette semaine. hey! cosmic.. pas trop de fôt dans mon texte ??.. tu sais j'ai toujours ce problèmme avec l'écriture ;)
    4
    Cos
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:16
    Je m'en fous
    C'est comme tu parles.
    5
    Cos
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:17
    En plus
    t'as fait tellement de progrès en français depuis deux ans que je ne me sens pas le droit, et de toute façon je n'en ai aucune envie, de te corriger, sauf éventuellement si t'insistes quelques petites choses quand même ;)
    6
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:27
    la grammaire
    la grammaire, je resterais toujours un étranger. pour les mots il a le petit robert, lol et la correction automatique mais pour le reste c'est comme ça, ze charme du sud alors. va voir ce film. avant que t'oublies de vivre.
    7
    Cos
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:36
    J'avais vu
    "La chatte à deux têtes". Un bon homme, ce monsieur. Oublier de vivre, ça risque pas. J'ai rencontré comme voisin de siège dans le train un voisin de rue que je ne connaissais pas. Rigolo, hein. Pas hier, la fois d'avant.
    8
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:36
    red
    à ne pas rater, à ne pas rater à nos ages.. lol!!!
    9
    Cos
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:37
    Grammaire
    Tu surjoues pas comme Jane B, donc ouais, ça participe :)
    10
    Cos
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:38
    J'ai toujours su
    que j'allais mourir, on me l'avait dit à la conception.
    11
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:41
    ma
    conception c'est, chaud devant! le pire reste à venir..alors ce présent on le dévore, on se limite pas. faut aimer la vie. c'est tout con. on oublie parfois de vivre.
    12
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:43
    jane b
    ah non, je reste un latin.
    13
    Cos
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:44
    LHOOQ
    Mouhaha
    14
    Cos
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:45
    Latin
    Ouais. Vive le latin.
    15
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:47
    ouiii
    respirer lisbonne;) grrrrrrr on le fera ensemble oui ze veux
    16
    Cos
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:49
    Vouiiiiiiiiiiii
    On va finir par y arriveeeeeeeeeeerrrrrrr
    17
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:50
    si si
    au printemps, ce printemps avec mon appareil ton neuf, c'est la condition que s'impose.
    18
    Cos
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:51
    Cette année
    ça va être possible, je suis en cdd moi m'sieur, on me cause riche maintenant !
    19
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:52
    mais
    là il faut je parte vite pour le déménagement d'un des players, je te bizz cos' faut être à l'heure!
    20
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:55
    condition
    pour moi nouveau d80. j'ai veux aussi faire un travail photo bien précis à lisbonne. j'ai encore repèré des choz le mois dernier, suis resté trop frustré par le manque de moyens. aleeeeez a+ sinon on me gronde.....bibises
    21
    Cos
    Samedi 10 Novembre 2007 à 12:57
    Biz
    @ +
    22
    fred
    Dimanche 11 Novembre 2007 à 11:26
    sorry pas le temps
    desole d'utiliser des phrases concises mais grace à moi t'as vu le Nolot alors que si j'étais venu on aurait vu un autre film , vu que je l'avais déjà vu(bon ok ça ressemble à une justification mais bon , tu connais ma vie, jamais le temps de respirer...) le cinema est parfois un plaisir tres solitaire, comme la masturbation. bises
    23
    me
    Dimanche 11 Novembre 2007 à 13:43
    On choisit bien son film et son cinéma
    la vie est ainsi faite de choix...on aura le temps pour le festival ?!
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